Le ghosting désigne la “technique de rupture" qui consiste à interrompre toute communication avec l'autre partie, en cessant de répondre aux appels, SMS et autres messageries sur les plateformes numériques”.
Mais doit-on vraiment blâmer les personnes qui pratiquent l'art de quitter sans aucune explication ?
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Un jour, c’est l’amour fou.
Les derniers messages reçus sont sans équivoque : “J’ai passé une bonne soirée”, “j’ai hâte de te voir”... Pourtant, le lendemain, celui ou celle que vous pensiez être “à fond” disparaît tel un “ghost” (un fantôme).
Et puis.. PLUS AUCUNE NOUVELLE. Pourtant, il n’est pas mort..
Sur les réseaux sociaux, le “ghosteur” est connecté. "Il like. Il commente. Il communique" avec d’autres. "Il ignore. Il nargue". Tout comme le “lu" à côté du dernier message envoyé.
Ghosting : pourquoi arrêtent-ils subitement de répondre ?
Le phénomène n’est pas nouveau, mais le ghosting prend tout son sens avec les nouvelles technologies. Il est si facile de ne plus répondre aux mails, messages ou appels, et de faire disparaître une personne de son paysage numérique..
Si bien que parmi les membres de la génération Y ou Millenials, âgés de 20 à 35 ans, 78 % des célibataires ont déjà été ghostés au moins une fois.
“Je veux, je prends, je jette”
À “l’heure de l’accélération numérique, du zapping amoureux et de la surconsommation sexuelle”, les relations se sont vues profondément modifiées. Les applications de rencontre donnent l’impression que quelqu’un d’autre vous attend au coin de la rue, et facilitent l’idée du “je veux, je prends, je jette”..
La personne est rencontrée en un clic. Elle est quittée par un autre :
Pour celui qui ouvre le message et le laisse sans réponse, il ne s’agit ainsi pas d’une rupture, mais d’une absence de rupture. Car finalement, le phénomène du ghosting, ne survient que rarement au bout de plusieurs années de relation.
Selon un sondage YouGov,
- seuls 13 % des Millennials déclarent avoir été soudainement ignorés par une personne avec qui ils étaient en couple.
- 11 % avouent avoir déjà ghosté leur moitié.
À l’ère du clic, "lâcheté" ou peur de blesser ?
Pour le ghosteur, la magie n’opère pas..
Mais pour la personne ghostée, c’est comme si les "insoutenables points de suspension" qui s’affichent lorsqu’un message est en cours d'écriture ne s’arrêtaient jamais..
Alors, qu'est-ce qui motive donc cette fuite ?
“La lâcheté, la flemme, ou encore le manque de considération pour l'autre”, décrit Ariane Picoche aux "Inrockuptibles" (co-fondatrice d’asv-stp.fr, un site qui interroge sur la génération Internet et son rapport au couple).
Mais les raisons peuvent être plus profondes :
“la peur de blesser, la difficulté à s'engager, le désir de se protéger, la poursuite de l'être idéal, la quête du ‘toujours plus, toujours mieux”, note-t-elle.
“J'ai souvent ghosté des mecs à qui je parlais sur une application (ou après un premier rencard), souvent par 'manque d'intérêt pour la personne'.. Je n’avais pas envie d'engager une conversation interminable.” raconte à Gentside Raphaël, 26 ans.
Fondamentalement, les réseaux sociaux permettent d’éviter des conversations difficiles..
La question ‘Pourquoi je ne te plais pas ?’ arrive constamment, ajoute-t-il.
Beaucoup de personnes que j'ai rencontrées ne prenait pas bien un simple ‘Désolé mais j'accroche pas plus que ça’.
"Je n’aime pas rejeter quelqu'un, ça peut être blessant. Un ghost, c'est bon : on sait que ça veut dire ‘ça ne va pas le faire entre nous’.
(Mais.. c'est lâche au final !)
Pour Léo, 23 ans, les motivations de sa disparition virtuelle ont été plus radicales :
Une fois, après avoir conclu avec cette fille qui me plaisait beaucoup, je me suis dit :
‘Ah mais non, en fait, je vais juste la faire souffrir.. Vite, cassons-nous !’ se souvient-il auprès de Gentside.
Un phénomène non-exclusivement MASCULIN
Un SONDAGE bien plus informel, réalisé par une journaliste du Elle USA, indique qu’environ 16,7 % des hommes et 24,2 % des femmes en avaient été l’auteurs à un moment dans leur vie. La gent féminine n'est donc pas exemptée de ces comportements (pourtant souvent jugés comme masculins), placés dans le sac de la “lâcheté masculine”.
"Je l'ai rencontré sur Tinder, puis on s'est vus chez lui", témoigne ainsi Gabrielle, 23 ans, interrogée par Gentside. "Il m'a montré sa collection de figurines dauphins.."
Je suis partie quelques heures après, et lui ai envoyé un texto pour lui dire que j'avais bien réussi à avoir le bus. (Ce fut mon dernier message).
"Le mec était gentil, mais je n’avais clairement aucune envie de le revoir. Je ne savais pas comment lui dire, et je ne voulais pas lui balancer qu'il me plaisait pas, c'était trop violent”
Pour d’autres, ne plus donner de nouvelles permet de ne pas se justifier :
“ Il n’arrêtait pas de me proposer d’aller boire un verre, mais je n’osais pas lui dire que j’étais en couple, relate quant à elle Laura, 24 ans. Je ne voulais pas faire partie de ces filles qui, sous prétexte qu’elles ont un mec, se sentent obligées de le dire, alors même que le ‘bonjour’ peut être innocent, estime-t-elle pour Gentside, et rajoute :
Ce n’est pas personnel, alors, à quoi bon sur-analyser ?.. "Autant ghoster !.. c’est plus facile que d’affronter une situation gênante"
Alors, les applications de rencontre peuvent-elles motiver à ne plus donner signe de vie ?
- Qu’il ou elle soit en couple, trop occupé, paralysé par l'engagement ou perdu dans un trou... Ces problèmes sont en réalité personnels, et n'ont rien à voir avec avec la personne ghostée.
- A contrario, être ignoré peut être vu comme une "l’opportunité" de laisser le souvenir de votre crush glisser naturellement vers l’oubli.. "Les adieux" sont - de par leur nature même - une légère déception.
“Si vous participez à plus de trois rendez-vous, vous avez indiqué que vous êtes intéressé. Disparaître après cela est déroutant” déclare-t-elle, avant d’ajouter : “ Et les ruptures peuvent vous hanter..”
GENTside
Date de dernière mise à jour : 2024-06-09