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Les sociétés démocratiques ne meurent pas d’un ennemi extérieur : elles se défont de l’intérieur, lentement, en oubliant ce qui faisait leur force et leur grandeur.

C’est ce processus discret, presque invisible, que l’on voit aujourd’hui à l’œuvre.

La politique cesse alors d’être un service rendu à la communauté pour devenir une carrière, un marché de places, une machinerie partisane. Les démocraties ne sont pas détruites : elles se vident, comme une statue dont la pierre demeure mais dont l’âme s’est retirée.

LA FRANCE EST-ELLE UNE DEMOCRATIE ? - La Pinte Politique #04

La politique déchue : du souci de la cité à l’indifférence morale

Il fut un temps où LA POLITIQUE signifiait l’inquiétude du destin commun, où elle engageait l’âme humaine dans son rapport au bien, à la justice, à la continuité d’une communauté historique.

Ce temps ne tenait pas à des institutions parfaites, mais à une vocation intérieure : la certitude qu’agir politiquement revenait à se mesurer à ce qu’il y a de plus grave dans l’existence collective. Nous n’en sommes plus là...

La POLITIQUE CONTEMPORAINE n’exige plus de vision, seulement des stratégies. Elle ne requiert plus de prudence ou de sagesse, mais une capacité d’adaptation rapide à l’humeur du moment.

Ce renversement n’est pas seulement psychologique :

il signe un effacement moral. Lorsque la politique devient indifférente au souci de la cité, elle se met à flotter, comme si elle avait perdu sa gravité. L’individu politisé n’est plus habité par un DEVOIR, mais traversé par des OPPORTUNITES.

Il s’adapte, se glisse, ajuste son discours comme on ajuste un produit destiné au marché.

  • La cité n’est plus l’objet d’un soin ; elle devient un DECOR.

Et au fond de cette indifférence se joue quelque chose de plus sombre : la rupture du lien entre L'ACTION POLITIQUE et la RESPONABILITE envers ceux qui viennent après nous.

Une démocratie qui renonce à ce lien se condamne à VIVRE DANS L'INSTANT, c’est-à-dire dans une forme d’amnésie continue.

Le règne des machines partisanes : quand les camps remplacent les consciences

L’une des grandes illusions modernes consiste à croire que les PARTIS POLITIQUES seraient les vecteurs naturels de la démocratie.

"Ils en sont devenus l’entrave."

Dans leur forme actuelle, ils ne sont plus des lieux de pensée : ils sont des appareils construits pour conquérir le pouvoir. Leur logique n’est pas celle de la VERITE mais de L'EFFICACITE.

Ils ne cherchent pas à comprendre le monde, mais à gagner contre ceux qui le comprennent autrement. Ils transforment ainsi la politique en affrontement mécanique entre équipes concurrentes.

Dans ce monde partisan, il n’existe plus de nuance 

Reconnaître un point valable chez l’adversaire devient un acte de faiblesse qui menace l’ordre interne du groupe.

  • La disqualification remplace l’argumentation, la fidélité au camp remplace la fidélité au réel. Les partis deviennent des communautés fermées qui ne peuvent vivre que dans l’antagonisme, car leur unité se nourrit de l’existence d’un ennemi.

Immédiatement, le débat public se corrompt :

  • ce n’est plus un échange, mais une procession de certitudes figées.
  • Les individus, eux, se transforment : ils n’ont plus à être sincères, ils doivent être alignés.
  • Ils n’ont plus à être lucides : ils doivent être utiles.

Cette logique produit ce que Delsol décrivait : des institutions qui continuent de fonctionner mais dont le sens s’est effacé. Une forme demeure, une respiration subsiste, mais la vie intérieure est partie.

La démocratie ne meurt que si on la laisse mourir | TikTok

Une démocratie incapable de produire du commun

   Lorsque la politique devient carriériste et que les partis deviennent des machines,

   la démocratie continue d’exister en surface, mais elle perd ce pour quoi elle avait été créée :la capacité à dire un monde commun.

   L’espace public se fragmente en récits partisans, en vérités d’appartenance, en émotions sans horizon. ,

  Les CITOYENS ne sont plus invités à prendre part à une discussion, mais à se ranger dans une équipe. Le réel lui-même se dissout : il n’est plus ce   que l’on cherche à connaître, mais ce que chaque camp réinvente pour se justifier.

  Dès lors, la démocratie ne peut plus délibérer. Elle peut encore voter, protester, s’indigner, communiquer, mais elle ne peut plus comprendre. 

Elle ne parvient plus à affronter les crises autrement qu’en les recouvrant de slogans ou en les transformant en armes partisanes.

  • Les problèmes ne sont plus analysés ; ils sont exploités.
  • La nation ne se pense plus ; elle se fragmente.
  • L’histoire ne s’écrit plus ; elle s’interrompt.

Une démocratie qui perd le sens du commun ne sombre pas dans la violence : elle tombe dans l’insignifiance. Elle glisse vers une mélancolie politique où chacun sait que quelque chose d’essentiel manque, sans parvenir à dire exactement quoi.

Ce qui manque, c’est le centre de gravité moral : la conscience que la politique est d’abord un devoir envers ce qui dépasse nos existences individuelles et nos fidélités de groupe.

Notre démocratie a besoin de contre-pouvoirs sinon elle se meurt |  Fondation IFRAP

La politique exige d’abord de penser ensemble pour le bien collectif

Si une démocratie veut survivre à ce lent étouffement, elle ne pourra pas simplement réformer ses institutions ou moraliser ses partis.

  • Elle devra retrouver ce que la POLITIQUE a cessé d’être : un engagement du cœur, de l’intelligence et de la responsabilité.
  • Elle devra réintroduire dans la VIE PUBLIQUE cette verticalité de sens qui oblige chacun à reconnaître la fragilité du bien commun, la difficulté de la vérité, et la noblesse de la contradiction.

La politique ne redeviendra vivante que lorsqu’elle cessera d’être un métier pour redevenir un devoir.

Et la démocratie ne retrouvera son souffle que lorsqu’elle quittera les réflexes de camps pour retrouver la force première qui la fondait : l’exigence de penser ensemble ce qui nous dépasse.

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Date de dernière mise à jour : 2025-11-19