Animation montrant l'élévation du niveau de la mer entre 1993 et 2022.
Crédit: NASA Scientific Visualization Studio, Andrew J. Christensen

Sur les 30 dernières années, le niveau des mers a monté d'une dizaine de centimètres. Cela peut sembler minime, environ la longueur d'une main, mais quand ces changements sont visualisés comme l'eau frappant une fenêtre de navire, ils prennent une dimension très concrète.

La hausse du niveau de la mer constatée depuis plusieurs années par les scientifiques, s’explique principalement par le changement climatique provoqué par les activités humaines, entreprises au cours du siècle dernier.

Lorsque les températures s’élèvent, l’eau se réchauffe, les molécules gonflent et le volume des mers et océans augmente.

 Mais ce phénomène de dilatation n’est pas la seule explication...

La fonte des glaces continentales, des glaciers et des calottes glaciaires observée ces dernières années déverse également un volume d’eau important et inhabituel dans les mers et océans. En Arctique, région qui se réchauffe trois fois plus vite que le reste de la planète, on constate que les températures sont de plus en plus hautes, ce qui a pour conséquence directe la fonte régulière des glaciers.

S’ajoute à cette montée des eaux, l’affaissement terrestre de certaines régions. Les activités humaines telles que le pompage des eaux souterraines, ou encore les extractions et exploitations minières accentuent ces affaissements et aggravent nettement une situation déjà fragile.

Les conséquences du réchauffement climatique sur les populations

Populations, habitations et îles menacées

Aujourd’hui, 20% de la population mondiale vit à moins de 30 km des côtes et se retrouve particulièrement vulnérable face au risque de submersion marine. De grandes métropoles doivent déjà répondre aux conséquences de l’élévation du niveau de la mer. 

Comme exemple, Jakarta, capitale de l’Indonésie, organise actuellement un grand déplacement de sa population sur l’île de Bornéo afin d’éviter la submersion.
Au Bangladesh, l’affaissement des terres et l’accélération de la montée des eaux menacent plus de 200 millions d’habitants installés dans le delta du Gange.

Ces phénomènes font du Bangladesh, l’un des pays les plus "menacés par le réchauffement climatique" et pousse les réfugiés climatiques les plus pauvres au cœur des bidonvilles du pays.

Alors que les régions côtières ont longtemps représenté une place de choix pour le développement économique des populations, ces espaces littoraux sont aujourd’hui particulièrement exposés aux cyclones et tsunamis et autres événements climatiques extrêmes. 

Selon le sixième rapport du GIEC, l’élévation du niveau de la mer « contribuera à accroître la fréquence et la gravité des inondations dans les zones de faible altitude et à accentuer l’érosion du littoral. »

La montée des eaux nuit également aux infrastructures, notamment aux systèmes de distribution de l’eau. Avec l’érosion et les inondations, l’eau salée infiltre les ressources souterraines et rend les sources d’eaux impropres à la consommation.

De lourdes conséquences économiques pour les populations

Les scientifiques estiment que les épisodes de submersions marines qui survenaient auparavant une fois par siècle pourraient se produire chaque année d’ici 2100. Ces phénomènes climatiques extrêmes à répétition ne sont pas sans conséquences pour le développement économique des populations concernées.

Dans les régions côtières, où une part importante de la population vit de la pêche, du tourisme, et autres activités en lien avec le littoral, les activités économiques sont et seront fortement compromises par l’avancée de la mer et la perturbation des écosystèmes marins.

De plus, en s’engouffrant dans les terres, l’eau détruit des cultures mais aussi les écosystèmes qui permettent aux populations de vivre.

 Les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des habitants vivant sur les côtes seront alors largement menacés sur l’ensemble de la planète. visiondumonde.fr 

Image aérienne du glacier de Thwaites, ou "glacier du Jugement Dernier", en Antarctique, qui s'approche lentement de l'effondrement. Crédit: NASA

L'effondrement climatique interviendra dans seulement 15 ans

Pour examiner comment ces éléments interagissent et si ces interactions peuvent accélérer l'effondrement d'un système, les scientifiques ont construit des modèles informatiques de deux écosystèmes lacustres et de deux écosystèmes forestiers.

Ils les ont testés plus de 70 000 fois en ajustant les variables.

Les résultats sont troublants...

Plusieurs causes d'effondrement agissant ensemble ont fait avancer l'effondrement soudain de certains systèmes, des effondrements intervenant 5 fois plus rapidement que prévu précédemment.

Même lorsque la cause principale de l'effondrement n'était pas autorisée à augmenter avec le temps, 15% des effondrements ont eu lieu uniquement en raison de l'introduction de nouveaux éléments.

Selon John Dearing, co-auteur de l'étude et professeur de géographie physique à l'Université de Southampton au Royaume-Uni, si les précédents points de basculement étaient prévus pour 2100, ces derniers pourraient se produire 23 à 62 ans plus tôt que cette date selon la nature des stress.

Cela signifie que les coûts sociaux et économiques significatifs du changement climatique pourraient survenir beaucoup plus tôt que prévu. Cela laisse aux gouvernements encore moins de temps pour réagir que prévu.

"Nos résultats montrent le potentiel de chaque stress pour renforcer l'autre. Toute pression croissante sur les écosystèmes sera extrêmement préjudiciable et pourrait avoir des conséquences dangereuses",

prévient Gregory Cooper, co-auteur de l'étude et chercheur en systèmes climatiques à l'Université de Sheffield au Royaume-Uni.

Techno-Science